Les Français et la République II /.Les combats de la Résistance et la refondation républicaine.

C3/ - La France dans la guerre

1/ Comment la France devient-elle un pays qui collabore avec l'Allemagne nazie?

 A. Une "étrange défaite"?

le 10 mai 1940, la Wehrmacht lance son offensive à l'ouest à travers les Pays-Bas et la Belgique. le généralissime Gamelin (autorité sur l'armée française et le BEF) jubile: ses prévisions se réalisent:                                                    -  il peut lancer ses meilleures troupes en Belgique , respectant ainsi scrupuleusement  le  plan Dyle-Breda.  Mais le 13 mai,  les panzers du général Guderian (7 divisions blindées sur les 10 que possède l'armée allemande) traversent le massif des Ardennes, puis la Meuse, prennent Sedan et foncent vers la mer. Ce vaste mouvement de faux menace d'encercler l'ensemble des troupes franco-britanniques qui n'ont d'autre choix que  de se retirer de Belgique au plus vite.

26 mai : les troupes alliées sont encerclées dans la poche de Dunkerque  et le nouveau chef du gouvernement britannique Winston Churchill (depuis le 10 mai) déclenche l'opération Dynamo : jusqu'au 4 juin 370 000 soldats sont évacués (247 000 britanniques et 123 000 français) mais 80 000 français sont faits prisonniers après avoir tenu le camp retranché de Dunkerque et ainsi permis le succès de l'opération d'évacuation.

Le mois de juin 40 est un moment clé de l'histoire de la France contemporaine: l'armée allemande déferle sur la France (14 juin à Paris déclarée ville ouverte) alors que le gouvernement se retire à Bordeaux, des millions de Français se retrouvent sur les routes de l'exode (6, 8 millions?). Le 16 juin , le maréchal Pétain, favorable à fin des combats, devient président du conseil et dès le 17 lance son appel radiophonique à « cesser le combat » puis négocie avec les Allemands. le 18 le général-à titre provisoire- Charles de Gaulle, inconnu ou presque des Français (sous secrétaire d’État à la guerre dans le dernier gvt Reynaud), lance  son appel à la résistance à la BBC de Londres. Il est peu entendu au milieu d'une débâcle générale.

Le 22 juin, l'armistice est signé dans le même wagon que celui ayant servi à la signature de celui du 11 novembre 1918: Hitler tient sa revanche avec cette humiliation supplémentaire.

les clauses sont dures, entre autres:

-territoriales (voir carte): pays divisé en 5 zones:

Alsace-Moselle annexée par le Reich.                                                            10 département interdits au retour des réfugiés -zone réservée - ouverts à la colonisation allemande.                                                                              Nord et Pas de Calais rattachés à Bruxelles.                                                une zone nord  (zone occupée gérée par l'occupant de Paris).                  une zone sud; zone "libre" ou non-occupée,  appelée aussi zone "no-no" par les Français,  administrée par le gouvernement français (qui s'installe à Vichy).

- financières Paiement d’indemnités d'occupation (400 millions de francs d'indemnités journalières)

- militaires: armée limitée à 100 000 h. pour le maintien de l'ordre, les prisonniers de guerre restent dans des camps en attente de la signature de la paix.

- les réfugiés politiques allemands et autrichiens doivent être livrés aux Allemands!

La convention d'armistice publiée dans le journal de Montpellier "l'Eclair"

D'après la carte extraite du livre d'Henri Michel, la Seconde guerre mondiale,Paris, PUF, 1969.

B.  "L’État français", un régime autoritaire et collaborateur.

      A 84 ans « le vainqueur de Verdun » Philippe Pétain  apparaît comme un sauveur par la majorité des Français. Avec le député Pierre Laval il profite du chaos de la défaite pour réunir l'Assemblée nationale à Vichy le 10 juillet 1940, enfin ceux de parlementaires qui ont réussi à rejoindre la ville d'eau. « Divine surprise » pour Maurras,  Ils obtiennent les pleins pouvoirs ( Sur 932 députés et sénateurs, 669 sont présents, 569 votent pour, 20 abstentions, 80 contre) pour mettre en place une nouvelle « constitution de l’état français »: la III° République est morte. « vive la République !» crie malgré tout Vincent Badie, député de l'Hérault dans la salle du théâtre de Vichy.

        Les jours suivants, des actes constitutionnels font du maréchal le chef de gouvernement t et de l'Etat avec des pouvoirs exécutif et législatif; les assemblées sont suspendues. Le nouveau pouvoir supprime  les libertés fondamentales, les partis politiques sont interdits, la presse comme la radio et le cinéma passent sous le contrôle de l'Etat. 

Pourquoi  Vichy?                                                                                                              - Ville "d'eau" donc hôtellerie et lieux suffisants pour accueillir les ministères avec leurs  services administratifs                                                                                                           - Terre électorale  de Pierre Laval

Deux axes étudiés :

La révolution nationale : résolument réactionnaire « ordre moral »: restaurer les « valeurs traditionnelles », une France rurale fantasmée.

• Valorisation des paysans des artisans, de la famille..  « la terre elle ne ment pas »

• La devise de la France devient: «travail famille patrie ».

  les chantiers de jeunesse remplacent le service militaire et doivent offrir un cadre idéologique à la jeunesse

Au niveau économique et social, les syndicats ouvriers et patronaux sont supprimés pour laisser place à des organisations corporatistes.

Étatisation de la production et développement de la technocratie: planification de l'économie.

La collaboration: symbole: Entrevue Pétain-Hitler à Montoire (Loir-et-Cher) le 24 octobre 1940. Rôle de pierre Laval

Collaboration économique: production au service de l’effort de guerre du Reich; main d’œuvre pour l'Allemagne avec la relève puis STO (1943).

Collaboration militaire: des bases militaires en Syrie . Création de la L.V.F. (légion des volontaires français) qui combat contre l'URSS au nom de " la lutte contre le bolchevisme".

Collaboration policière: la police pourchasse les résistants; La milice (1943) de J. Darnand traque les résistantes et les juifs.

Pétain a choisi la collaboration avec Hitler mais cela n’empêche pas l’armée allemande d’envahir la zone sud   en novembre 1942. Vichy devient alors un état satellite du Reich dans lequel les collaborationnistes occupent une place prépondérante.

La complicité dans le génocide des juifs.

Dès octobre 1940, un statut des juifs est mis en place par Vichy: interdiction pour les juifs de pratiquer certains métiers ; création d'un fichier juif . A partir de 1942 l’administration française participe au génocide en organisant des rafles dans tout le pays, comme celle du Vel’ d’hiv’ en juillet 1942.

Les juifs sont parqués dans les camps.de transit comme Drancy avant d’être déportés

Bilan : 330 000 juifs en 1940 : 76 000 déportés; 2500 survivants.

le 10 juillet 1940. le journal l'Eclair - http://archives-pierresvives.herault.fr

2. Comment la France se retrouve-t-elle dans le camp des vainqueurs?

A COMPLETER

// des motivations et des modes d'action variés

Des français rejoignent de Gaulle qui a lancé son appel le 18 juin, très peu entendu en France, renouvelé dans les jours suivants (paru dans certains journaux) ils constiueront les FFL (reconnus officiellement par Churchill dès le 28 juin : 7000 h. à Londres en août et  20 000 maxi. dans les colonies ralliées (AEF surtout)

En France dès juin 1940 en France des hommes et des femmes rejettent l’occupation, sans organisation :

Distribution de tracts, coupure de lignes téléphoniques : l’ouvrier agricole Étienne Achavanne, premier résistant (reconnu comme tel)  français fusillé le 4 juiilet pour avoir, le 20 juin 1940, coupé des lignes électriques et télephoniques

Peu à peu des groupes se forment, comme le réseau du musée de l’Homme à Paris. Le 11 novembre 1940, des étudiants manifestent aux Champs-Élysées et déposent une gerbe de fleurs au pied de l’Arc de Triomphe.

Définir la résistance? 

« Nous définirons la résistance comme un combat volontaire et clandestin contre l’occupant ou ses collaborateurs afin de libérer le pays. Résister, c’est réagir. On ne peut qualifier de résistance un sentiment ou une réflexion intellectuelle. On ne résiste pas “dans sa tête”, la résistance est une action. Comme mouvement social, la Résistance ne peut se confondre avec les organisations qui la composent. […] Nous proposons d’adopter une conception globale de la Résistance, composée de deux cercles concentriques, aux limites floues : une Résistance-organisation, qui ne comprend de toute évidence qu’une toute petite minorité, et une Résistance-mouvement, phénomène social beaucoup plus vaste. Celle-ci englobe tous ceux qui ont mené des actions individuelles et tous ceux dont les actes de solidarité ont été essentiels à la Résistance organisée. »  François Marcot « Pour une sociologie de la Résistance : intentionnalité et fonctionnalité ».,le mouvement social n°180, juillet -septembre 1997. BNF- gallica

Des " moments-clé" ont permis le développement puis l'unification de la résistance :

Juin 1941: fin hésitation de certains militants communistes depuis le pacte germano-soviétique d'août 1939. Pierre Georges (colonel Fabien tue l'aspirant Alfons Moser, le 21 août 1941 dans le métro parisien)

Novembre 1942: l'invasion de la zone Sud discrédite Vichy, incapable de s'y opposer

Début  1943: Capitulation de la VIe Armée allemande à Stalingrad + Service du travail obligatoire (STO); politique de collaboration avec le IIIe Reich, Beaucoup fuient et deviennent «réfractaires»

Donc : Causes engagement : D'abord Rejet de l'occupant et de la défaite. aussi rejet du nazisme et de l'antisémitisme (idéologie) puis rejet de Vichy et des collaborateurs. des hommes et femmes venus d'horizons socio-culturels et politiques divers. Surreprésenation des moins de 30 ans.

Enfin engagement pro-républicain: à l'origine de l'action du CNR

En 1941-1942, les résistants s' organisent en mouvements et réseaux,

Mouvements : visées politiques, plus générales : sensibiliser la population                              Réseaux : groupes plus restreints avec des missions militaires et de renseignement.
- d'abord en zone Sud ( Combat, Libération, Franc-Tireur)
 - puis en zone Nord ( Libération-Nord, Défense de la France, Organisation civile et militaire,

-Front national, communiste, est présent dans les deux zones, mais surtout actif à partir de juin 1941)
 -D'autres se sont mis au service des réseaux britanniques du Special Operation Executive ( SOE )  britannique et des réseaux de la France libre, mis en place par le Bureau central de recherche et d'action ( BCRA dirigé par Passy - André Dewavrin ).

Fin 1942: qq hommes fuient le STO pour « prendre le maquis » (formule de Michel Brault , dirigeant de « Combat » effet massif après janvier 1943).

Donc activité des réseaux, mouvements et maquis :

Distribution de tracts et de journaux clandestins (informer)

Manifestations, propagande (se montrer)

Aide aux prisonniers de guerre, aux résistants, aux persécutés, sauvetage des équipages abattus... filières d’évasion (aider)

Renseignements sur situation militaire à destination des Alliés, actions armées, sabotages. (combattre)
 

Histoire de la résistance 1940-1945, Perrin 2013, (2018 pour l'édition Tempus)

// Jean Moulin et l'unification des résistances. Pourquoi De Gaulle envoie-t-il Jean Moulin en France en 1942?

De Gaulle a besoin d'être reconnu comme le chef unique de la résistance par les Alliés, surtout  par Roosevelt qui se méfie de lui (militaire, dictateur?). Il veut aussi prendre la tête de la résistance intérieure, la contrôler Il finit donc  par affirmer le  nécessaire rétablissement de la République après la guerre. Il choisit Jean Moulin, ex-préfet de la III° république  et ex chef de cabinet du gvt de front populaire pour unifier les résistances intérieures sous son autorité. envoyé en France en janvier 1942 comme "délégué général en France du général de Gaulle".

Janvier 1943, les mouvements de la zone Sud fusionnent dans les Mouvements unis de résistance (MUR), puis certains groupes de la zone Nord fondent le MLN (mouvement de libération nationale).

(A  Alger (AFN libérée par Alliés) De Gaulle prend la tête du CFLN en mai 1943 -avec  le général Giraud, imposé par les Américains  mais qui s’efface rapidement-. Devient le GPRF en juin 1944.)
Enfin  le Conseil national de la résistance ( CNR ) est formé le 27 mai 1943 présidé par Jean Moulin jusqu'à son arrestation le 21 juin (G.Bidault lui succède) des représentants des mouvements des deux zones, des partis politiques et des syndicats.

// Résister pour le retour de la République : le programme du CNR 

Mais les Américains refusent toujours de le voir comme l’incarnation de la France de l’après-guerre. Pour nombre de résistants, non seulement il faut chasser désormais les Allemands, détruire le régime de Vichy, mais il faut également réfléchir aux méthodes de restauration de la République après la Libération.

le CNR a élaboré un programme qui a été adopté le 15 mars 1944 (« les jours heureux) voir texte
- conditions de la lutte immédiate pour la libération du territoire français

• mesures à appliquer après la Libération pour rétablir la légalité républicaine

• réformes sur le plan économique et social.

• Il s'agit bien de restaurer les valeurs démocratiques et républicaines dans le pays.

• Au début de 1944 forces résisatntes unifiées au sein des Forces françaises de l'intérieur ( FFI ) placées sous le commandement du général Kœnig. FFI,-FTP + FFL + et action des maquis participent à la libération du pays après le 6 juin 1944 (Dès septembre 1943, les résistants corses ont déclenché une insurrection qui a libéré leur île avec l'aide de commandos venus d'Afrique du Nord.)

  
  Plan vert pour les voies ferrées,                                                                                Plan violet pour les lignes téléphoniques                                                                      Plan bleu pour les installations électriques.
  Plan Paul: destruction des dépôts allemands de munitions et de carburants, préparation de l'arrivée des troupes alliées

  La première armée française (général de Lattre de Tassigny) débarque en Provence le 15 août. Paris insurgée est libérée le 25 août par la 2° DB du général Leclerc.

Le GPRF (1944-1946) dirigé par De Gaulle, gère l’épuration (Comités départementaux et locaux de libération ( CDL et CLL ) )

Printemps 1945, bilan :

20 000 FFI ou FTP tués au combat,

30 000 fusillés, plus de 60 000 déportés, dont près de la moitié sont morts dans les camps.

Action reconnue par le commandant en chef des armées alliées en Europe, le général Eisenhower.

A permis à De Gaulle d'empêcher les Alliés de soumettre la France à l'AMGOT ( Allied Military Government for Occupied Territories - Administration militaire alliée des territoires occupés ).
 

Le GPRF réorganise la vie économique démocratique et sociale en appliquant le programme du CNR: nationalisation de banques, de l'énergie, des transports, création de la Sécurité sociale, droit de vote des femmes...

En 1946 les Français acceptent la constitution de la IV° République par référendum.