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Béziauhistgeo

Compléments de cours.

Otto Dix.

 

Otto Dix ; les joueurs de Skat ou Invalides de guerre jouant aux cartes (1920)

joueurs de cartes dix

1/ Identifier

Titre : les joueurs de skat ou Invalides de guerre jouant aux cartes, 1920.

huile et collage sur  toile, 110×87 cm. 

lieu de conservation: Galerie Nationale de Berlin

2/ Présentation  de l’artiste  Otto Dix. 1891-1969.
1910 : école des arts décoratifs de Dresde.
Premières œuvres : portraits impressionnistes.

Première guerre mondiale : il s’engage. Mitrailleur, dans la Somme ou encore en Russie. Dessine ce qu’il voit (presque 600 dessins).Il va ensuite peindre le traumatisme de la guerre. Enseigne aux beaux-arts de Dresde à partir de 1927.

Après l’arrivée des nazis au pouvoir, Dix est renvoyé  car présenté comme un artiste de culture bolchevique. Ses œuvres sont montrées à l’exposition de « l’art dégénéré » en 1937 ; elles sont retirées des galeries et certaines sont brulées par les nazis.

En 1938 il et arrêté deux semaines par la gestapo.

Fait prisonnier par les Français à la fin de la Deuxième guerre mondiale il revient à Dresde puis poursuit son œuvre artistique. Il est honoré par les deux états allemands jusqu’à sa mort en 1969.

   

3 / Le contexte :                                                     

           L’Europe sort ruinée et affaiblie par la guerre de 1914/18. L'Allemagne est vaincue et connait une période de troubles politiques, économique et social. L'empire est aboli et la république proclamée. La révolution spartakiste est réprimée et la République de Weimar s'impose peu à peu. Le traité de Versailles de 1919 est vécu par beaucoup d'Allemands comme une humiliation. Le pays ruiné subit une grave crise économique; les prix augmentent à une vitesse jamais vue (inflation galopante): la monnaie n'a plus aucune valeur.

Les anciens combattants comme Otto Dix sont traumatisés par ce qu’ils ont vécu durant les combats. de plus le retour à la vie civile est très difficile particulièrement pour les "gueules cassées", les invalides de guerre.

Dans la vie quotidienne, les « gueules cassées » rappellent chaque jour les dégâts humains et le traumatismes causés par la guerre.

3/ L’œuvre :
"La peinture n’est pas un soulagement. La raison pour laquelle je peins est le désir de créer. Je dois le faire ! J’ai vu ça, je peux encore m’en souvenir, je dois le peindre." Otto Dix

Courants artistiques : Nouvelle objectivité, expressionnisme et dadaïsme.

« … D’autres comme Grosz, Dix et Schlichter détruisent le réel par une objectivité marquée, mettent cette époque à nu, l’obligeant ainsi à une ironie de soi-même. La peinture comme une forme de mise à mort audacieuse, l’observation comme instrument d’attaque. Une peinture de constatations critiques. Un mot d’ordre contre une époque ridicule. On fait la guerre, que ce soit en inventant des formes ou en détruisant par la représentation ». Carl Einstein, historien de l’art et écrivain allemand (1885-1940). L’influence des dadaïstes se fait sentir sur une partie de son œuvre, par exemple dans les joueurs de skat. 

                « Et oui je suis un peintre de la réalité . Je veux tout voir. Je dois faire ma propre expérience des vicissitudes de la vie. C’est pour ça que je fais la guerre. Et c’est pour ça que je me suis engagé comme volontaire » O.Dix, 1963 ? Entretiens.

                « C’est que la guerre est quelque chose de bestial : la faim, les poux, la boue, tous ces bruits déments. C’est que c’est tout autre chose. Tenez, avant mes premiers tableaux, j’ai eu l’impression que tout un aspect de la réalité n’avait pas encore été peint : l’aspect hideux. La guerre, c’était ue chose horrible et pourtant sublime. Il me fallait y être à tout prix. Il faut avoir vu l’homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu ». O.Dix, 1961, Entretiens

5/ Description :

Les personnages au premier plan occupent l'essentiel de l'espace. Ils sont assis autour d'une table ronde dans la salle d'un café. A l’arrière-plan, à droite, un porte-manteau et des journaux  qui font référence au conflit franco-allemand de 1914-18. A gauche un lampadaire, avec une tête de mort, éclaire la scène.                                                                  

les  trois hommes jouent aux cartes. Leurs visages sont défigurés, leurs corps désarticulé avec des membres manquants, souvenir indélébile de la guerre. L’homme de gauche a une jambe de bois et joue aux cartes avec le pied qui lui reste. Il lui manque le bras droit, et il pose ses cartes sur la table une main gauche artificielle. Un tuyau, lui permettant d’entendre, part de son oreille. L’homme du centre n’a plus de peau sur le crâne. Il a un œil de verre.  Il n’a plus  jambes ni de bras. Des cartes reposent sur la table  grâce à un support. D’autres tiennent dans sa bouche. Une prothèse remplace sa mâchoire. Le troisième personnage n’a pas de jambe, il est posé sur le tabouret. Le bras droit est articulé, visible « sous » la veste. Il porte la croix de fer (décoration militaire allemande). Sur le visage, on observe un bandeau noir et  une prothèse qui remplace la mâchoire inférieure.
 

5/ Interprétation :

« Les joueurs de cartes » renvoie à cette génération d’hommes traumatisés par la guerre, mais aussi à une société qui tente d’oublier les massacres malgré les blessures toujours visibles. Avec ce tableau Dix nous rappelle à la fois les horreurs de la guerre mais aussi ses conséquences, visibles et invisibles. Comment vivre après l’horreur ? C’est une vision cruelle, ironique d’un monde sans repère, désarticulé. La société allemande d'après guerre doit vivre malgré les morts, la défaite et la disparition de l'Empire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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